Un constat
Entre le 30 mai et le 3 juin 2016, la Mauldre et certains affluents ont connu une crue majeure non rencontrée depuis des décennies. De nombreux secteurs urbanisés situés dans les fonds de vallées ont été inondés, conduisant parfois à des évacuations et provoquant de très importants dégâts : 28 communes du bassin versant de la Mauldre ont été reconnues en état de catastrophe naturelle pour inondations et coulées de boues du 28 mai au 05 juin 2016. Aucun accident mortel n’a, fort heureusement, été à déplorer grâce notamment à l’intervention des services de secours, des élus et l’entraide des habitants.
La cause de ces inondations est connue. Contrairement à ce que laissaient croire certaines rumeurs,
« les inondations auraient pour origine la rupture de barrages ou encore l’ouverture de vannes au niveau de Beynes » (bien qu’il n’existe aucune vanne à cet endroit),
cet évènement correspond en réalité à l’effet cumulé des fortes précipitations : saturation des sols en eau, remontées de nappes, ruissellements torrentiels. Les retenues d’eau présentes sur le bassin versant ont rempli leur fonction, aucune n’a cédé ou n’a été vidée lors de la crue.
Le mois de mai a été exceptionnellement pluvieux : il est tombé de 193 mm à Trappes soit 3 fois la normale d'un mois de mai ; provoquant la saturation des nappes et des sols en eau ayant pour conséquence des inondations par remontée de nappes.
Les nappes et les sols n’ont pas été en capacité d’absorber les pluies du 29 et 30 mai (66 mm pour la journée du 30 mai à Trappes soit l’équivalent d’1 mois de précipitations). Ainsi, le volume d’eau correspondant aux fortes précipitations survenues entre le 29 et le 31 mai n’a pu être ralenti. Ces eaux ont rapidement atteint les petits cours d’eau avant de s’engouffrer dans l’entonnoir que constitue la vallée de la Mauldre à partir de Villiers-Saint-Frédéric provoquant la crue exceptionnelle de la Mauldre aval et de ses affluents (le Lieutel, la Guyonne, le ru de Breuil, le ru d’Elancourt, le ru de Riche, le ru Maldroit notamment, ainsi que le ru de Gally).
L’intervention du COBAHMA – EPTB Mauldre
L’équipe du COBAHMA-EPTB Mauldre s’est mobilisée sur le terrain tout au long de cet évènement, en contact étroit avec la cellule de crise de la préfecture et les sapeurs-pompiers.
Les prévisions météorologiques ainsi que l’observation des agents de terrains ont mis en alerte l’équipe du COBAHMA-EPTB Mauldre dès le 25 mai. En l’absence de système d’alerte de l’Etat sur le bassin versant de la Mauldre, il était difficile de prévoir l’ampleur de la crue. Néanmoins, le COBAHMA-EPTB Mauldre a lancé une première alerte le 26 mai à destination des communes afin de les informer sur l’état de saturation en eau des sols et le risque inondation.
Cinq autres alertes ont suivi.
Débits instantanés (m3/s) observés à Beynes du 28/05 au 11/06 et alertes du COBAHMA-EPTB Mauldre et de la préfecture - Alertes
Si la gestion de crise a permis d’éviter un accident majeur, elle ouvre malgré tout de sérieuses perspectives d’amélioration.
Les suites à donner
Cet évènement permet de confirmer plusieurs causes d’aggravation du phénomène d’inondation : imperméabilisation des sols, cours d’eau rectilignes, drainage des parcelles agricoles, suppression des zones naturelles d’expansion des crues. Contrairement à certaines idées reçues, le curage des cours d’eau aggrave le risque pour les populations. En effet, le creusement du lit d’un cours d’eau est susceptible d’accélérer les écoulements et d’avoir des effets plus désastreux en aval de celui-ci (cela accentue l’effet vague). Répartir le volume d’eau dans l’espace et ralentir les écoulements (dissiper l’énergie) permet de limiter la vitesse et d’atténuer l’ampleur de l’onde de crue. Pour diminuer l’impact des inondations sur le bassin versant de la Mauldre, il est donc nécessaire de retrouver des zones d’expansion des crues ainsi que des cours d’eau méandriformes.
Très simplement, la mise en place de repères de crue sur les bâtiments et les ponts est un élément important de la prévention des inondations en faisant vivre la mémoire des inondations.
Les repères de crues font ainsi partie du patrimoine des connaissances sur les crues. Ils permettent de se rappeler les hauteurs atteintes par les crues auxquelles ils se rapportent, de les comparer les unes aux autres et de constater la fréquence de leur survenue.
Ces constats doivent servir d’impulsion à l’action, notamment à la réalisation des Plans Communaux de Sauvegarde, à l’amélioration du dispositif d’alerte, à la réalisation de travaux de renaturation sur les cours d’eau et à poursuivre les efforts de limitation du ruissellement des milieux urbains et agricoles.