Recréer des méandres, zones rapides et oxygénées

Des milliers de kilomètres de cours d’eau français ont été aménagés depuis plusieurs décennies (parfois plusieurs siècles) pour permettre le développement urbain, agricole ou industriel. Les cours d’eau, parfois considérés comme des fossés ou des canaux, ont été déplacés, dénudés de végétation, retracés pour les aligner aux parcelles et forment parfois des angles droits.

Ces modifications notables ont entraîné une détérioration des milieux aquatiques. Le procédé naturel d’ « auto-épuration* » est considérablement altéré. Les contaminants ne sont plus filtrés et décomposés par les milieux et les plantes. Dans de telles situations les organismes aquatiques et les espèces qui en dépendent (martin pêcheurs, hérons, loutre, etc.) disparaissent.

Pour réussir à améliorer les milieux aquatiques, il est nécessaire de comprendre leur fonctionnement naturel. Trois grands principes de l’hydromorphologie* sont expliqués ci-dessous

  • Premièrement, du fait de la circulation de l’eau, les cours d’eau ont des mouvements perpétuels ou une mobilité naturelle dans l’espace. Cette dynamique de fonctionnement participe au bon état de la rivière elle-même et nécessite de laisser une certaine liberté aux cours d’eau. Des sédiments et des éléments de tailles variées sont entraînés et redéposés d’amont en aval. Des zones de dépôts et des zones d’érosion sont ainsi observées tout au long des cours d’eau.
  • Par ailleurs, un substrat* du fond du lit varié (cailloux, sable, vase) permet à la fois au plus grand nombre d’organismes aquatiques de s’installer, et à la fois de former des zones plus profondes et donc plus calmes en alternant avec des zones de courant plus rapide et donc plus fraîches et oxygénées.
  • Enfin, une rivière méandriforme aura des crues moins violentes qu’une rivière rectiligne. En effet, la variation des virages va rompre les à-coups hydrauliques et dissiper les énergies. Cela revient à freiner la vitesse d’écoulement, l’onde de crue en est considérablement réduite. Par ailleurs, en période d’étiage*, une rivière formant des méandres aura de plus grandes capacités à se refroidir naturellement et donc à lutter contre le réchauffement (parfois létale pour les espèces), l’évaporation et l’aggravation des étiages.

substrat

Les caractéristiques hydromorphologiques des cours d’eau, c’est-à-dire, à la fois morphologiques (physique) et hydraulique, conditionnent l’état et le fonctionnement écologique des milieux aquatiques. C’est pourquoi la restauration physique des cours d’eau est l’une des priorités de la Directive Cadre sur l’Eau*.

Autrement dit, recréer des méandres, des zones rapides et oxygénées revient à améliorer le milieu aquatique, lui redonner des capacités d’accueil de la faune, de la flore, bref à redonner vie à la rivière.

Le Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer nous illustre dans cette petite vidéo "L’Hydromorphologie" ce qu’est une bonne morphologie pour un cours d’eau. Elle nous explique l’intérêt des méandres, des berges en pentes douce et de la diversité des substrats d’un cours d’eau.

L’Agence de l’Eau Seine Normandie nous présente dans son émission "au fil de l’eau" l’importance de l’hydromorphologie des cours d’eau.